LETTRE DES SÉNATEURS AMÉRICAINS : UN NOUVEAU PLAN D’HÉGÉMONIE SUR LA RDC

Délégitimer puis faire dissoudre les institutions issues des élections de 2018 au profit des « défis structurels » déjà contenu dans le dangereux « plan de sortie de crise » de Martin Fayulu concocté avec des lobbies politico-affairistes américains et européens ; dégager la majorité FCC pour se débarrasser du souverainisme congolais et enfin démonter le nouveau code minier, etc. ; telle est la nouvelle stratégie de soumission de la RDC que proposent des Sénateurs américains au Gouvernement de Washington. Tout ceci juste au moment où la Coalition FCC-CACH au pouvoir s’emploie à s’aménager un nouveau modus vivendi pour mieux assurer la gouvernance du pays au profit des Congolais

Jim Risch et Bob Menendez, Sénateurs américains

Deux Sénateurs Américains ont pris l’initiative d’une correspondance adressée le 17 août 2020 au Secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin et au Secrétaire d’Etat Mike Pompeo pour suggérer ce que les observateurs considèrent comme une mise à jour du « plan de sortie de crise » de la coalition Lamuka proposé voici quelques temps par Martin Fayulu. En effet, soutenu par sept autres Sénateurs, Jim Risch et Bob Menendez, respectivement Président et membre de rang du comité des relations extérieures du Sénat américain proposent de travailler avec ces deux membres du gouvernement américain (Mnuchin et Pompeo) pour démanteler la majorité FCC et son autorité morale Joseph Kabila qu’ils tiennent, dans plusieurs paragraphes de leur lettre, pour l’épicentre de la corruption en RDC. Pour eux donc, démanteler le FCC rime avec le démantèlement de la corruption en RDC.

Jim Risch et Bob Menendez, tous deux Républicains proches de Donald Trump, proposent également de travailler pour relever les « défis structurels » en RDC afin d’enrayer cette corruption et mettre fin aux violences systématique contre le peuple congolais.

Plus loin, les deux hauts membres du comité des relations extérieures du sénat américain formulent d’autres actions portant, notamment, sur la lutte contre le système prédateur qu’ils attribuent à l’ancien régime de Kabila, les réformes électorales, l’élargissement des sanctions ciblées, les mesures anti-blanchiment. Ils proposent également que les réformes anti-corruption soient élevées en conditionnalités pour des prêts du FMI.

Comment les Sénateurs américains veulent faire appliquer le « plan Fayulu » contre les institutions établies en RDC

A la lecture de cette requête, les observateurs avertis ne sont pas allés par quatre chemins pour constater qu’en fait, il s’agit-là d’une voie détournée visant à appliquer le « plan de sortie de crise » de Martin Fayulu. Un plan qui avait vite trahi la visée principale consistant à démanteler l’ordre politique et institutionnelle issue des élections de décembre 2018 au profit de l’institution d’une structure de réformes dont parlent justement les sénateurs américains.

L’on comprend, dès lors, la bataille observée lors de la dernière session parlementaire particulièrement troublée, ainsi que certaines initiatives qui ont tendu à déstabiliser l’Exécutif national. Des actions qui avaient pour objectif – on le comprend mieux maintenant – de délégitimer ces institutions pour ainsi créer les conditions de leur dissolution au profit d’un ordre d’exception contre la volonté du peuple congolais.

Dégager la majorité FCC pour se débarrasser du souverainisme congolais et démonter le nouveau code minier

Dans la même lancée, et par ricochet, Jim Risch, Bob Menendez et leurs collègues Sénateurs suggèrent de soutenir cette dynamique entretenue à partir de Kinshasa par l’Ambassadeur américain Mike Hammer, dynamique visant à « dégager » la majorité FCC. De nombreux stratagèmes se multiplient, en effet, dans ce sens. Elles tendent, d’une part, à tenir le FCC pour responsable des tentatives de déstabilisation du Président de la République, et, d’autre part, de faire porter à cette plate-forme la responsabilité du blocage des institutions.

Bref, autant de stratégies qui visent, pour Washington, à reprendre le contrôle du pouvoir et des institutions en RDC, et ailleurs sur le continent africain, après y avoir perdu pied suite à ses belligérances de ces deux dernières décennies en Orient. Et dans cette posture, le souverainisme de Joseph Kabila et son FCC sont les obstacles à lever afin d’atteindre le nouveau Président de la République que l’on berce des monts et merveilles depuis deux ans.

Seulement quand FCC et CACH veulent se rafistoler pour le bien des Congolais…

La base de ces démarches procède de deux facteurs : l’un endogène à la RDC avec le souverainisme ci-haut évoqué et le nouveau code minier aujourd’hui lourdement combattu par l’Occident ; et l’autre exogène avec la percée des puissances émergentes (Chine, Inde, etc.) sur les économies africaines dont celles de la RDC. Une percée qui a mis les économies occidentales hors-jeu, alors que l’Afrique, et la RDC en particulier, incarne, aujourd’hui plus que jamais, ce marché tant convoité par tout le monde. Ceci aussi bien comme débouché des productions occidentales que comme terre d’investissements et vivier des ressources essentielles à la technologie de pointe.

Last but not least, les deux sénateurs américains, qui parlent d’un « moment historique » dans leur lettre, surgissent en ce moment même où la Coalition FCC-CACH au pouvoir entame des pourparlers pour améliorer leur collaboration aux commandes des affaires publiques. Une perspective qui ne peut que chagriner tous les planificateurs du chaos qui est en train d’être éventé.

Loin donc de constituer une marque de sollicitude pour la RDC et son peuple, Jim Risch et Bob Menendez ne font, à travers leur lettre, que suggérer une nouvelle croisade hégémonique en sus de laquelle les Congolais distraits risquent de n’avoir que leurs yeux pour pleurer.

Le dossier reste ouvert…

Jonas Eugène Kota

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